Dans les communautés africaines, les femmes sont perçues comme les seules à prendre des dispositions pour éviter les grossesses non désirées. Mais les hommes aussi peuvent en prendre pour le bonheur du couple. Le préservatif est la méthode contraceptive masculine la plus connue, et pourtant elle n’est pas la seule. Il existe la vasectomie, une méthode contraceptive destinée aux hommes qui ne souhaitent plus avoir d’enfants.
De nos jours, il n’est pas rare d’entendre les femmes dirent : “J’ai avalé le docteur”, pour signifier qu’elles ont fait une contraception. En dehors du préservatif, les hommes aussi peuvent “avaler le docteur”. La vasectomie est une contraception de stérilisation de l’homme. Elle consiste à couper et à bloquer les canaux qui transportent les spermatozoïdes à partir des testicules.
La vasectomie est donc irréversible, c’est pourquoi elle ne fait pas l’unanimité dans l’opinion publique. « Si mon mari se vasectomise, je demande le divorce », menace une commerçante ambulante. Pour elle, il s’agit d’un acte ignoble. « J’ai deux enfants. Imaginez que l’un ou les deux décèdent, je ne le souhaite pas, mais ça peut arriver. On ne pourra plus avoir un autre », réagit la commerçante.
Une telle méthode est drastique selon un instituteur de la place. Il estime que la vasectomie porte atteinte à la masculinité. « Attendez, ceux qui font ça, comment ils se débrouillent lors des rapports sexuels ? Genre, tu marches, les gens croient que tu es homme et pourtant tu es une femme ? », interroge-t-il.
Pou Issa, militaire à la retraite et père de six enfants, la vasectomie pourrait bien être une alternative efficace contre l’inefficacité des contraceptions féminines. « Ma femme est encore enceinte. Je ne sais pas comment elle se débrouille pour tomber enceinte malgré les contraceptions. Moi, Issa, si j’ai l’occasion, je vais en tout cas faire la vasectomie », affirme-t-il.
La vasectomie n’est pas une castration
« La vasectomie est tout simplement la contraception chirurgicale volontaire et permanente chez l’homme. Elle complète toutes les gammes de méthodes de contraception et donne le choix à tout homme de choisir librement, sans contrainte et de façon volontaire et bien réfléchie de l’option de sa méthode de contraception. Il s’agit d’une petite intervention réalisée au niveau des testicules », explique le Dr Aboubacar Sawadogo, médecin et praticien de la vasectomie.
Selon lui, la castration est différente de la vasectomie. La castration est une pratique qui consiste à enlever carrément les testicules. Contrairement à la castration, « la vasectomie consiste à sectionner le cordon spermatique de sorte que les spermatozoïdes ne remontent plus vers la vésicule séminale ». « Les testicules fabriquent non seulement des spermatozoïdes, mais également les hormones masculines qui font que l’homme est homme dans toute sa texture, et une fois qu’ils sont enlevés comme dans le cas de la castration, le monsieur risque d’avoir des caractères féminins », explique-t-il.
Tout homme peut se vasectomiser, mais il y a des conditions à respecter
Tout comme les autres méthodes contraceptives, la vasectomie est régie par certaines conditions. Selon le Docteur Sawadogo, la question de l’âge de l’individu et du nombre d’enfants qu’il a est primordiale dans la vasectomie. « Nous n’offrons pas de la vasectomie aux jeunes. Il faut avoir au minimum 35 ans. Également, le nombre d’enfants n’est pas à négliger. L’intéressé doit avoir au minimum trois enfants », souligne le spécialiste.
La vasectomie n’est pas une contraception fréquente au Burkina Faso. Le plus souvent, les gens font recours aux méthodes de courte durée (pilule contraceptive, stérilet, etc). Mais les méthodes permanentes comme la vasectomie et la ligature des trompes sont très rares. Selon Aboubacar Sawadogo, « entre ces deux méthodes, la vasectomie est encore plus rare. Nous avons commencé à offrir ce service [au Burkina Faso] en 2011 et je vous avoue qu’aujourd’hui, nous sommes juste à une trentaine de personnes ».
Attention ! La vasectomie ne protège pas contre les MST
Dr Aboubacar Sawadogo souligne que la vasectomie ne présente aucun effet secondaire et les hommes s’intéressent de plus en plus à cette pratique. « En ce moment, j’ai plus d’une dizaine de patients qui m’attendent. Ils cherchent à me voir pour plus d’éclaircissement. » nous confirme-t-il. « L’homme vasectomisé vit, désire comme les autres hommes. La vasectomie n’affectera ni votre capacité à avoir un orgasme, ni celle de votre partenaire, ni votre désir sexuel », ajoute-t-il.
Cependant, l’efficacité de la vasectomie n’est pas immédiate. Il faut une période d’environ trois mois après l’opération pour qu’elle soit parfaite. Cette méthode contraceptive ne protège pas non plus contre les maladies sexuellement transmissibles (MST). Il est donc recommandé d’utiliser un préservatif si l’homme à des rapports sexuels avec différentes partenaires.