Le 23 mars 2023, le jeûne du Ramadan a commencé au Burkina Faso. Durant trente jours, les fidèles musulmans vont faire leur pénitence pour espérer se rapprocher d’Allah. Mais pour Boureima Alaye et sa famille, déplacés internes, le mois de ramadan est une pénitence de plus à la situation qu’ils vivent déjà depuis plus de quatre ans. 24heures.bf est allé à leur rencontre.
Assis sur son tapis de prière, chapelet à la main, Boureima Alaye récite des versets coraniques. Âgé de la cinquantaine, ce maître coranique est déplacé interne depuis quatre ans. Il est arrivé à Ouagadougou il y a une année. « J’ai tout abandonné chez moi à Gorom-Gorom. J’ai fui avec ma famille et je me suis installé à Boromo en tant que PDI depuis 2019. Ce n’est que l’année dernière que je suis venu à Ouagadougou. C’est vrai que ma situation ne s’est pas améliorée, mais c’est déjà une grâce d’être toujours en vie et en bonne santé avec les miens », confie-t-il.
Époux de deux femmes et père de douze enfants, dont deux nourrissons, Boureima Alaye a à sa charge six talibés. Pour tenir pendant la période du jeûne du ramadan, le quinquagénaire ne compte que sur Dieu. Selon lui, le jeûne est un devoir pour tout musulman, qu’il soit déplacé interne ou non. « Jeûner n’est pas le problème. Nous avons l’habitude de rester sans manger toute la journée. Notre principal problème, c’est la rupture du jeûne. Nous n’avons pas de nourriture pour rompre le jeûne… », raconte-t-il avec un sourire qui en dit long.
Pour le cinquantenaire, rien ne peut empêcher le jeûne. Il y voit plutôt une occasion de prière pour solliciter le retour de la paix au Burkina Faso. « Je suis en vie et en bonne santé, rien ne peut m’empêcher de jeûner. Et d’ailleurs, je vais profiter de ce jeûne pour demander à Allah de nous venir en aide. Nous voulons la paix dans notre pays, le reste, nous allons travailler pour l’obtenir », dit-il avec assurance.
Pour se procurer à manger, les femmes de Boureima Alaye mendient aux abords des voies avec leur nourrisson au dos. « Les femmes et les enfants reviennent bredouilles très souvent le soir à la maison après une journée de mendicité. Et là, on compte sur la générosité des voisins », confie-t-il.
Ayant requis l’anonymat, une voisine affirme partager la peine de cette famille de déplacés internes : « Ce n’est pas facile de les voir vivre quotidiennement avec la faim. Nous essayons comme nous pouvons de leur venir en aide…, mais je suis consciente que c’est insignifiant. En cette période de carême où l’on prône le partage, je demande aux bonnes volontés qui peuvent leur venir en aide de le faire ».