A l’occasion du cinquantième anniversaire du journal « l’Observateur Paalga », se tient, les 23 et 24 mai à Ouagadougou, un colloque sur le thème « les médias traditionnels face à l’émergence du numérique : résilience, opportunités et défis, le cas du Burkina Faso ». Plusieurs communications, animées par des acteurs du journalisme et de la communication, sont au menu. Moussa Sawadogo, enseignant à l’université Joseph Ki-Zerbo, a animé une communication relative au rôle du photojournalisme dans le contexte sécuritaire burkinabè.
Conscient des enjeux liés à l’exploitation des images dans l’ère du numérique, Moussa Sawadogo, enseignant en photographie à l’université Joseph Ki-Zerbo au département de Communication, recommande aux photojournalistes de se réinventer au regard du contexte sécuritaire actuel.
Pour lui, le photojournalisme correspond à l’usage de la photographie pour dénoncer ou montrer un fait ou une réalité tout en respectant les règles d’éthique et de déontologie journalistiques. Il soutient qu’« informer » va au-delà de « lire et savoir ». Ce que les populations veulent aujourd’hui, c’est « voir » afin de se représenter les propos du journaliste. Par conséquent, être photojournaliste, c’est savoir restituer l’événement en cernant bien l’information tout en pensant aux conséquences de ses photos, surtout dans ce contexte sécuritaire. D’où l’importance de la responsabilité sociale, de l’éthique et de la déontologie du photojournaliste.
Le rôle de ce dernier, dans la lutte contre le terrorisme, devient encore plus important quand le numérique entre en jeu. Il revient à ces professionnels des médias de se démarquer des publications abusives d’images sur le net, qui tendent à anéantir les efforts de reconquête du territoire national et les efforts de promotion de la cohésion sociale.
Se contenter de montrer la réalité des faits, sans avoir à retoucher les images pour occulter certaines parties, suffit à manifester son soutien à la lutte contre le terrorisme. « Le journaliste-photo doit être en mesure de faire voir et faire vivre la réalité d’un fait à travers une photo. Et cela peut amener à une meilleure prise de conscience », dit-il.
Toutes les images ne sont pas bonnes à diffuser
Selon Moussa Sawadogo, le bon journaliste, c’est celui qui fait constamment le tri des informations qui sont à sa portée en tenant compte des réalités dans lesquelles il évolue. « Un bon journaliste diffuse des informations qui ont un intérêt pour la société. Ce qui peut détruire la société, il doit l’enlever. Ce qui s’appelle de l’autocensure », a-t-il recommandé.
En ce qui concerne les photojournalistes qui ont appris le métier sur le tas, il leur conseille de travailler à se former davantage, convaincu que cette lutte contre le terrorisme n’est pas uniquement celle des Forces de défense et de sécurité. Et pour cela, il est plus que temps pour les écoles de journalisme de réadapter leur programme d’enseignement de la photographie en tenant compte des réalités du pays.