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Législatives anticipées au Sénégal : Vers une clarification du jeu politique

Aujourd’hui, 17 novembre, c’est jour d’élections législatives anticipées au Sénégal. Le scrutin permettra de dessiner la nouvelle carte politique de l’Assemblée nationale. Mais aussi de recomposer, de « façon profonde », le paysage politique du pays. Le Président Diomaye Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko, jouent également leur avenir politique : il leur faut absolument une majorité qualifiée pour pouvoir déployer convenablement les promesses électorales faites lors de la dernière présidentielle. C’est d’ailleurs pour cela que le Chef de l’Etat a dissout l’Assemblée nationale et convoqué ces élections anticipées. Il n’a donc pas droit à l’erreur.

La campagne électorale a été marquée par des moments de tensions entre Ousmane Sonko et Barthélémy Dias, anciens alliés devenus de farouches adversaires politiques. Un scrutin également marqué par le « come-back » de l’ancien Chef de l’Etat, Macky Sall. Depuis la présidentielle, il y a près de huit mois, qui a porté au pouvoir Bassirou Diomaye Faye, la gouvernance de l’ancien Président est l’objet de critiques parfois « très virulentes ». Macky Sall qui a mené la campagne « à distance », depuis le Maroc, semble s’être donc engagée dans ce scrutin pour « ne pas laisser salir son bilan ».

7, 3 millions de Sénégalais, convoqués aux urnes ce dimanche, devront renouveler les 165 députés de l’Assemblée nationale. Le Président Faye espère ainsi obtenir une majorité à son parti, le Pastef, afin de gouverner sans entraves majeures. Et « réaliser ainsi les promesses de rupture pour lesquelles il a été élu, dès le premier tour, à 54% des voix, le 22 mars dernier », indique son parti. La mise en œuvre de ces promesses passe par l’adoption d’une série de lois, y compris des lois constitutionnelles pour lesquelles il faut une majorité qualifiée d’au moins 3/5e des membres de l’Assemblée.

Le Pastef a annoncé de grands chantiers. Notamment la bonne gouvernance dans la gestion des biens publics, la reddition des comptes et la réduction du train de vie de l’État. Il a également égrené un programme par région.

L’ancien Président Macky Sall a participé à la campagne depuis le Maroc/@DR

Mais l’ancien Président, Macky Sall, n’entend pas se laisse cuire comme un œuf ! Il veut se faire une nouvelle santé politique. Et pour cela, il a créé une coalition dénommée Takku Wallu (« s’associer pour aider », en wolof). Une coalition composée de son parti, l’Alliance pour la République (APR), du Parti démocratique sénégalais (PDS) de Karim Wade, et de plusieurs autres partis. L’APR s’était fissuré il y a quelques mois et de nombreux cadres du parti avaient rejoint le Pastef.

La coalition Takku Wallu de Macky Sall a donc développé « une stratégie électorale » visant à fédérer les « restes » de l’APR et éviter de nouveaux départs, surtout après que l’ancien Premier ministre, Amadou Ba, ait claqué la porte. Ce dernier, candidat à la dernière élection présidentielle, était arrivé en deuxième position avec 35% des voix. Une mise en garde donc à Macky Sall. Ce dernier semble avoir compris le message. En participant à la campagne depuis le Maroc, il entendait ainsi « limiter la casse », donner le sentiment d’une « union sacrée » et permettre à sa coalition d’entrer, « de façon honorable », à l’Assemblée nationale.

DR

Mamadou Ba et sa nouvelle coalition entendent également bousculer les prévisions. Cet ancien Premier ministre, « poids lourds » de la vie politique sénégalaise, s’est allié au Parti socialiste, à l’Alliance des forces de progrès et à d’anciens leaders et ministres dissidents de l’APR de Macky Sall. Ses partisans ont mis l’accent, pendant la campagne, sur ce qu’ils qualifient d’« électeurs déçus du Pastef ou qui se sont abstenu à la présidentielle » afin de les repêcher. Tout en essayant de « crucifier » le parti de Sonko et Faye en posant le curseur sur la « situation de crise au Sénégal » depuis l’arrivée de ces dernier au pouvoir. Ils ont également fustigé « l’inexpérience des nouvelles autorités et leur non maîtrise des finances publiques ».

Et puis, il y a le maire de Dakar, Barthélémy Dias. Il conduit une coalition de partis politiques et de figures de la société civile ayant une forte influence économique et sociale. Cette coalition met en avant la jeunesse de ses cadres. Et dit vouloir faire « la politique autrement, loin de la politique politicienne ».

La bataille est donc rude. Même si, depuis le début de la campagne, le Pastef, qui détient l’appareil d’Etat, est monté en puissance dans les sondages.

Au total, 41 listes de candidats sont en compétition. Les premières tendances pour la nouvelle Assemblée se dessineront ce soir. On verra donc si le Président Faye, qui convoqué cette consultation électorale, réussira à obtenir la « majorité qualifiée ».

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