Dans un communiqué rendu public lundi 18 septembre, la Russie demande à Paris de mettre fin à la discrimination des médias russes en France. L’ambassadeur français à Moscou, Pierre Lévy, a été convoqué du fait des « actions discriminatoires et manifestement russophobes » des représentants de la France « à l’encontre des correspondants de RIA Novosti et du rédacteur en chef de Russia-News au sommet du G20 à New Delhi », déclare le ministère russe des Affaires étrangères.
Moscou demande aux autorités françaises d’appliquer, par rapport aux médias russes, le même régime dont bénéficient les médias français en Russie. Selon elle, « la discrimination des médias russes en France faisait partie d’une campagne politique visant à lutter contre une autre façon de penser et qui avait été initiée bien avant l’opération militaire spéciale menée par la Russie en Ukraine ».
Elle demande aux autorités françaises de « cesser d’exercer une pression et de discriminer les médias russes, de cesser de coller des étiquettes et de respecter, par rapport aux médias russes, le même régime dont bénéficient les médias français en Russie ».
Lors du sommet annuel des dirigeants du G20 dans la capitale indienne, New Delhi, les 9 et 10 septembre 2023, l’Union des journalistes de Russie (URJ) avait dénoncé un refus d’accès à la salle de la conférence de presse animée par le Président français Emmanuel Macron.
Le ministère français des Affaires étrangères avait refusé de commenter la déclaration concernant le « refus d’accréditation » telle que défendu par la partie russe, relevant des « exagérations ».
« Nous avons dû refuser une trentaine de journalistes toutes nationalités confondues par manque de place dans la salle », avait déclaré une source, qui n’a pas souhaité être identifiée, à l’AFP.
Un correspondant de l’AFP, présent à la conférence de presse, avait aussi annoncé avoir constaté que la salle de presse était pleine et que des journalistes n’avaient pas pu y accéder. Mais cet argument était loin de convaincre les journalistes russes.
Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, une guerre médiatique se déroule entre l’Occident et la Russie. Chaque partie procède à la suspension de médias qu’elle juge « propagandistes » ou « diffuseurs de fausses informations ».
RT France, branche française de la chaîne russe RT, a été suspendue dans l’Union européenne. En janvier 2023, la chaîne a fermé en France. Raison invoquée : la Direction générale du trésor français a décidé de geler ses comptes bancaires, rendant impossible la poursuite de ses activités.
Moscou, de son côté, a bloqué plusieurs sites de médias occidentaux (BBC, Die Welt, RFI, Deutsche Welle…) et de réseaux sociaux comme Facebook, Twitter et Instagram.
Elle a aussi fermé le bureau de la radio-télévision canadienne CBC/Radio-Canada après l’interdiction de diffusion de RT au Canada.
La guerre médiatique se poursuit entre l’Occident et la Russie. Le 13 septembre dernier, la Moldavie a expulsé le patron de Sputnik, l’accusant de s’ingérer dans la politique du pays.
Le patron de l’antenne locale de Sputnik, Vitaly Denisov, affirme avoir dénoncé une « politique destructrice du gouvernement moldave ».
Le directeur général de Rossiya Segodnya, maison mère de Sputnik, Dmitri Kiselev, considère cet incident comme « un exemple d’une campagne de persécutions contre les journalistes russes en Europe ».