
Il est 12h à Rood-woko, le marché central de la ville de Ouagadougou. Le soleil bat son plein au point que même ceux qui sont tapis dans l’ombre ressentent les effets brûlants de ses rayons. Que dire donc de ces marchands ambulants pour qui il n’y a pas une minute de répit ? En ce mois de Ramadan, l’activité devient très pénible à cette période de la journée. Mais plusieurs d’entre eux n’ont pas le choix. Nous nous sommes intéressés à cette catégorie de travailleurs afin de voir comment ils parviennent à mener leur activité tout en observant, dans les règles, le jeûne musulman. Comment ces marchands ambulants parviennent-ils à vendre sous ce chaud soleil ? Une équipe de 24heures.bf était au grand marché de “Rood-woko” ce 20 mars. Constat.
La canicule, tous les commerçants ne la ressentent pas au même degré. Parmi eux, ces vendeurs ambulants qui observent le jeûne musulman depuis déjà vingt jours. Sur le visage de ces derniers, les effets des rayons solaires se font plus ressentir. De l’aube au coucher du soleil, pas une seule goutte d’eau ne doit être prise. Il faut jeûner certes, mais aussi travailler.
Abdoul-Wahab Sawadogo est de ceux-là. Il vend des soutiens-gorges. Ces marchandises ne sont peut-être pas bien lourdes à transporter. Mais si l’on tient compte de la distance qu’il parcourt dans la journée, à la recherche d’éventuelles clientes, le travail est énorme. “C’est très dur”, reconnaît-il. Et il poursuit : “Je suis parfois obligé de faire une pause vers 14h pour reprendre à 16h”. Cette pause lui fait perdre du temps et de l’argent, confie-t-il. Mais il y va aussi de sa santé. Son souhait, c’est d’avoir, un jour, sa propre boutique. Afin, dit-il, de ne plus être au soleil. En attendant, il reconnaît qu’il faut commencer au bas de l’escalier pour ensuite gravir les échelons. Malgré ce qu’il doit traverser comme difficultés, il y a des périodes de vaches maigres. Abdoul-Wahab Sawadogo prend sa marchandise auprès de son patron pour la revendre. Et le jour où les clientes ne sont pas au rendez-vous, difficile de se mettre un sou dans la poche. Et là, c’est à son patron de lui trouver un peu d’argent à la descente. Mais ce ne sont pas de telles situations qui vont lui faire baisser les bras et, pour rien au monde, il ne va sauter un seul jour de jeûne, nous lance-t-il.

Si pour Abdoul-Wahab, le poids de la marchandise n’est pas si contraignant, pour Abdoul-Fatah Ouédraogo par contre, il n’est pas à négliger. Il pousse, du matin au soir, une brouette remplie de chaussures pour femmes. Il lui faut proposer le maximum de modèles, de couleurs et de pointures pour espérer avoir une clientèle riche et variée. Nous l’avons rencontré aux abords d’un parking d’engins à deux roues.

Il est 12h30 mais le jeune homme semble déjà très fatigué. Il transpire à grosses gouttes. Lorsque nous l’interpellons, il dépose la brouette d’un coup sec. Comme pour dire : “Ouf, il en était temps !”. Ces quelques instants de pause, même au soleil, lui feront grand bien. En même temps, il espère nous voir acheter une paire de chaussures parmi celles qu’il propose. Nonobstant la faim, la soif et la fatigue, il accepte de répondre à nos questions. Tout comme Abdoul-Wahab, il avoue que ce n’est pas du tout facile actuellement d’être commerçant ambulant. “Le soleil frappe vraiment fort”, dit-il. Et ce n’est pas aisé. D’ici peu, poursuit-il, il ira se réfugier sous le hall comme bien d’autres d’ailleurs qui y étaient déjà.
Rachid Mohamed Ouédraogo, lui, est vendeur de robes. Ces robes aux motifs du terroir “kôkô dunda” tant prisées par les femmes et les jeunes filles. Il reconnaît que la situation n’est pas enviable. Mais ne souhaite pas en parler davantage. Une photo ? Non ! Il est visiblement épuisé mais ce n’est pas ce qui va l’arrêter. Il poursuit son bonhomme de chemin, les deux épaules et le bras gauche supportant des dizaines de robes. À deux reprises, nous nous sommes rencontrés aux alentours du marché.
Que dire de cette dame qui poussait une charrette pleine de grosses pastèques? Ça doit être pénible par ces temps qui courent. De loin, elle nous observe d’un oeil attentionné. Espérant, comme beaucoup d’autres de son métier, que nous achetons ses marchandises.
Lorsque nous quittions les lieux, le marché battait son plein. Le soleil aussi.