La Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) a présenté à la presse ce 13 juin, deux réseaux de présumés cyber-escrocs et deux individus utilisant des modes opératoires différents à des fins d’escroquerie. C’est le résultat d’une enquête lancée suite à des plaintes portées par des victimes, selon le Chef de la Division des enquêtes de la Brigade, Bayi Akim Nignan. L’enquête a permis de saisir 3 véhicules, 3 motocyclettes, 13 smartphones, 1 boutique de vente de lubrifiants moteur. Mais également la somme de 3 203 000 FCFA.
Des plaintes de citoyens ont conduit la Brigade à diligenter une enquête afin d’élucider l’affaire.
Bilan : deux réseaux de présumés cyber-escrocs et deux autres individus interpellés. Trois véhicules dont deux de marque Toyota (V8 et Corolla) et un de marque Renault également. En plus de ces véhicules, trois motocyclettes et treize smartphones ont été récupérés. L’enquête a aussi permis de saisir une boutique de lubrifiants moteur d’une valeur de 50 à 70 millions FCFA.
Cette boutique, selon la Brigade, était utilisée pour le blanchiment de l’argent escroqué. Et ce n’est pas tout. Une somme de 3 203 000 FCFA a été saisie par les enquêteurs.
Selon le chef de la Division des enquêtes, “le préjudice financier est de 243 471 780 FCFA actuellement”. Un montant qui, précise-t-il, pourrait évoluer. Cela du fait que sa structure continue d’enregistrer des plaintes à ce sujet.
Le premier réseau est composé de deux individus de nationalité camerounaise, domiciliés au quartier Sondogo. Leur mode opératoire consistait à usurper l’identité de structures basées au Burkina ou au Togo avec de “faux comptes Gmail munis des noms et des logos de certaines structures de la place”.
Ce premier groupe de présumés escrocs ciblait, selon la Brigade, leurs compatriotes camerounais, à qui ils proposaient de faux recrutement en fonction de leur centre d’intérêt.
Une fois que la victime a postulé, un émail de confirmation de sa sélection pour un entretien est envoyé. Un entretien dont la participation est conditionnée par le paiement de la somme de 750 000 FCFA. Cette soit-disante confirmation est assortie de conditions de travail alléchantes : un “recyclage obligatoire de 3 à 6 mois avec un salaire mensuel de 100 000 FCFA suivi d’un salaire de base mensuel variant entre 450 000 et 600 000 FCFA”.
Cela en plus des avantages d’assurance santé, de primes de mission et des logements gratuits pour les candidats retenus.
Une fois que la somme de 750 000 FCFA est versée pour la participation à l’entretien, la victime est déclarée admise. Elle est ensuite invitée à rejoindre le Burkina Faso. Ce n’est qu’à son arrivée qu’elle réalise qu’il s’agit d’une escroquerie de type “Qnet”, relate le chef Nignan.
Le second réseau présenté est composé de 6 membres selon la Brigade. Quatre sont de nationalité burkinabè et deux, des Béninois. Il s’agit principalement de quatre commerçants, d’un étudiant et d’un élève. Les membres de ce deuxième réseau sont spécialisés dans l’escroquerie à travers la vente de la “sève de Moringa ou du liquide de pommier de Soudan”, relève la Brigade. Pour les besoins d’identification, ces présumés escrocs se procurent plusieurs carte SIM pré-identifiées dont le prix est compris entre 1000 et 25 000 FCFA.
Une fois les numéros obtenus, ils ciblent des victimes potentielles à qui ils proposent une somme alléchante contre 700 litres de sève de Moringa. Cette sève est destinée à un prétendu tuteur, pharmacien basé à Paris.
La victime est ensuite mise en contact avec un supposé producteur dénommé “Ladji” à Bagré, surnommé “le vieux”, chez qui la victime peut s’approvisionner. Ce “Ladji” n’est pourtant personne d’autre que l’un des présumés cybercriminels, prévient le chef Nignan.
La victime, après avoir versé une partie de la somme due pour l’achat de la sève, est rassurée d’une forte somme d’argent qui lui sera livrée par l’ambassade de France au Burkina plus tard. La victime ne réussira plus à joindre les numéros à partir de ce moment.
Quant aux deux autres individus qui opéraient différemment, l’un est de nationalité burkinabè et l’autre, originaire du Nigeria. Selon le chef de la Division Bayi Akim Nignan, l’un des deux présumés cybercriminels contactait un acolyte résidant au Togo pour une commande de produits divers. Une fois la commande validée, un faux bordereau de paiement est envoyé au commerçant par Whatsapp. Ce dernier procède à l’expédition des produits commandés. Ce n’est qu’après consultation de son compte bancaire qu’il réalise qu’il s’est fait escroquer.
Le deuxième élément de ce groupe repérait de potentiels acheteurs d’or sur Internet avant de les conduire au Ghana. Là, un plan savamment orchestré avec des complices ghanéens est mis en œuvre pour leurs victimes.
Le chef de la Division des enquêtes de la BCLCC précise que l’enquête se poursuit en vue d’interpeller d’autres membres qui continuent de sévir. Et que jusqu’à présent, il continue de recevoir des plaintes.
Il a également souligné que les personnes interpellées seront immédiatement présentées au Parquet pour répondre des faits qui leur sont reprochés.
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