Au cours de l’audience du jour, le parquet a soumis au tribunal une requête pour auditionner, par voie téléphonique, le témoin Aïda Ouédraogo, actuellement en Côte d’Ivoire. Selon Jean Gabriel Séré, cette dernière a reçu une somme de 3 millions 550 milles francs CFA sur instruction de l’ex-ministreVincent Dabilgou.
» Nous souhaitons faire comparaître Madame Aïda Ouédraogo mais elle se trouve en terre ivoirienne. Il est donc impossible de la faire venir. Nous souhaitons la contacter par voie téléphonique », affirme le parquet. En effet, David Dao, cousin de l’ex-DAF, a indiqué avoir effectué un retrait de 3 millions 550 milles francs CFA pour les remettre à une dame nommée Aïda Ouédraogo avec qui le ministre avait, dit-il, des « relations particulières ». Cette somme selon lui était destinée à la confection de rideaux pour le ministère.
« On s’est donné les moyens de faire les vérifications. Nous avons contacté la dame téléphoniquement. Elle dit connaître effectivement Vincent Dabilgou », lance le ministère public qui plaide pour son audition.
De l’autre côté de la salle, Me Roger Yamba, avocat de Vincent Dabilgou, s’offusque de la procédure adoptée par le parquet. « Un jeu malsain est en train de se jouer », hurle-t-il. Il s’oppose fermement à l’audition par voie téléphonique du témoin. Pour lui, cette requête semble être une ruse du parquet. La défense de Vincent Dabilgou préfère qu’elle comparaisse par vidéoconférence et non par appel téléphonique.
« Me Roger Yamba, calmez-vous. Vous avez fait venir des témoins ici mais cela n’a rien donné », avance le procureur. « Ce que nous demandons actuellement n’a jamais été préparé par le ministère public. Il n’ y a aucun jeu malsain. C’est de la transparence; on a rien à cacher à personne. On ne peut pas nous taxer d’être dans un jeu occulte avec le témoin », affirme le procureur.
Aussitôt, l’avocat de Séré, ex-DAF du ministère, saisit l’opportunité de mettre en cause l’audition de l’ex-ministre Dabilgou. « Avant que le ministère public ne confirme qu’il a contacté la dame, Vincent Dabilgou a dit qu’il ne la connaît pas. Il revient dire qu’il la connaît », déclare-t-il. Pour le conseil de Séré, il s’agit d’un indice grave et concordant.
L’intervention du tribunal vient calmer les tensions entre les parties. « Il n’y a pas lieu d’auditionner par voie téléphonique », décide le président du tribunal. Le tribunal dit préférer que le témoin comparaisse en personne.
L’audience se poursuit au TGI Ouaga 1.