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Réalisations du PRISE dans la Région du Nord : “Il fallait vraiment que cette école soit construite” (Abdoulaye Zallé, Directeur de l’école primaire Manegbzanga)

La situation sécuritaire au Burkina Faso a un impact sur le secteur de l’Éducation. Selon le Secrétariat technique de l’éducation en situation d’urgence, 6 149 écoles étaient fermées à la date du 31 mai 2023 contre 4 258 au 31 mai 2022 et 3 280 au 31 décembre 2021. Dans les zones d’accueil des déplacés, trouver une école pour son enfant n’est pas toujours aisé pour les parents qui ont fui leurs localités du fait des attaques terroristes. Au secteur 1 de Ouahigouya, dans la région du Nord, l’ouverture de l’école primaire publique de Manegbzanga/SONATUR, en 2023, a été un ouf de soulagement pour les populations. La construction de cette infrastructure s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de réalisation des infrastructures socio-économiques (PRISE), une initiative gouvernementale lancée en 2020. Dans cet entretien, Abdoulaye Zallé, Directeur de cette nouvelle école, revient sur l’utilité de cette infrastructure pour les populations. Il aborde également les défis liés à la gestion des élèves déplacés internes. 

Présentez-nous votre école.

Elle a été ouverte le 26 septembre 2023. Elle compte aujourd’hui 649 élèves repartis dans sept classes.  381 élèves sont des déplacés internes. Cela représente un taux de 58,7%. En clair, la majorité des élèves sont des déplacés internes.

L’école est donc arrivée au bon moment et au bon endroit ?

L’ouverture de cette école est historique. Elle est née dans un contexte de forte affluence des déplacés internes. Si j’ai précisé le pourcentage des élèves déplacés internes, c’est pour dire que l’école a été construite au bon moment et au bon endroit. Puisqu’en réalité, avec le déplacement de la population des milieux ruraux vers le milieu urbain, il fallait effectivement cette école. Au début, certains ont même voulu donner le nom “École de la résilience » à cette école.

@LK

En ville, aujourd’hui, on parle d’“école des déplacés”. Et c’est par cette appellation qu’on se réfère à elle. C’est pour dire effectivement que l’école est venue au bon moment pour aider à l’intégration de ces élèves déplacés. S’il n’y avait pas eu cette école ici, puisqu’il n’y a pas d’école à côté, que seraient ces enfants ?

Heureusement, avec la construction de cette école, beaucoup de déplacés internes ont trouvé leur compte. Ils poursuivent leur éducation dans un cadre paisible.

Quels sont les défis liés à la gestion des élèves déplacés internes ? 

Il y a des difficultés concernant surtout la restauration. Notre école est nouvellement ouverte. De ce fait, nous ne sommes pas, jusque-là, intégrés à la liste des bénéficiaires établie avant la construction de l’école. Nous devons attendre la rentrée scolaire prochaine pour espérer en bénéficier. Il y a donc, côté alimentation, des difficultés.

Des élèves en plein cours dans une salle de classe du PRISE

Nous n’avons pas non plus bénéficié de grand-chose en termes de matériel en général et de matériel didactique en particulier. Notre école n’a pas bénéficié de dotation. Généralement, le recrutement des élèves se fait progressivement et annuellement mais chez nous, au regard de l’ampleur de la situation des déplacés internes, on était dans l’obligation de recruter toutes les classes à la fois. Cela afin d’éviter l’abandon des cours par certains enfants déplacés. Cette situation nous a conduit à ouvrir sept classes à la fois la même année.  Imaginez les difficultés que cela engendre en termes de manuels scolaires, guides pédagogiques, et autres consommables comme les craies, le matériel de calcul.

Voici, entre autres, les difficultés actuelles de cette école concernant la gestion des élèves déplacés internes.

Comment appréciez-vous l’apport du PRISE, notamment la construction de cette école et de bien d’autres infrastructures ?

Ces réalisations ont beaucoup contribué à l’amélioration des conditions d’études des élèves. Elles ont également facilité les conditions de travail des enseignants. Ce sont des infrastructures de qualité. Mieux, elles ont été équipées. Cela a permis de résoudre les problèmes de salles de classe. Concernant l’équipement, on peut citer les tables-bancs, les armoires et les chaises. Quand on voit aujourd’hui des élèves déplacés internes dans des salles ventilées, c’est réconfortant. Cela contribue à l’amélioration de la qualité de l’enseignement.

Nous avons aussi des toilettes et une pompe à eau qui profite aux élèves et aux personnes déplacées internes installés dans cette zone.

@LK

Si l’État pouvait revoir ses constructions pour prendre en compte l’aspect équipements comme le PRISE le fait, cela aiderait à atteindre les objectifs.

Donc, d’une manière générale, cet apport a aidé à résoudre les difficultés qui pouvaient freiner l’enseignement et l’apprentissage des enfants.

Je ne suis pas un technicien en bâtiment mais ce que je vois, ce sont des bâtiments qui ont été réalisés réellement avec foi. Ils ont vraiment été bien réalisés, avec un système de suivi. Je n’étais pas là au moment de la réalisation, mais quand on voit ce qui est fait avec sérieux, ce qui est bien fait, en tout cas, même à vue d’œil, on peut l’apprécier.

@LK

Nous disons merci à tous ceux qui ont aidé pour la réalisation de ces infrastructures. Notamment le gouvernement, le ministère de l’Éducation nationale et le PRISE.

Quelles sont vos doléances ?

Aujourd’hui, ce qui nous préoccupe, c’est la clôture du domaine scolaire. Cela constitue une difficulté majeure. Si on pouvait nous aider à clôturer l’école, ce serait une épine en moins. Beaucoup de voies traversent l’école. Cela met les enfants en insécurité. Avec des risques d’accident. L’école fait également face à une zone non-lotis. Ce qui constitue une source d’insécurité et l’expose au vol.

Nous avons également besoin d’un lycée ou d’un collège. Les lycées publics sont loin d’ici. On se demande où iront les enfants des personnes déplacées internes après le Certificat d’étude primaire (CEP). La réalisation d’un lycée ou d’un collège s’avère aujourd’hui nécessaire dans ce quartier. Pour trouver un lycée public, il faut parcourir 7 à 8 kilomètres. Cela n’est pas facile pour les enfants. Nous plaidons donc pour la construction d’un lycée ou d’un collège dans le domaine de cette école primaire. Cela sera vraiment d’un grand soulagement pour les populations. S’il n’y a pas de lycée à côté, beaucoup d’enfants pourraient abandonner l’école après le CEP. Cela à cause de la distance.

Lire aussi | Burkina Faso/Éducation : Le PRISE donne le sourire aux élèves déplacés de Ouahigouya 

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