Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a dénoncé, ce 14 décembre, une “énième provocation” de la CEDEAO. Les autorités militaires du Niger s’indignent concernant la participation, le 10 décembre, de certains membres du gouvernement déchu à la 64e session ordinaire de la conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO. Interpellé, l’organisation sous-régionale a réagi.
“Le Niger condamne avec fermeté cette énième provocation de la CEDEAO qui est de nature à saper tous les efforts pour trouver une solution diplomatique et négociée à la situation politique actuelle”, indique le communiqué du CNSP.
Pour les autorités militaires du Niger, il est incompréhensible que la CEDEAO décide de la “suspension du Niger de toutes ses instances et, d’autre part, permettre à des fugitifs de représenter illégalement le Niger”. Elles accusent la CEDEAO de participer à “un plan subversif de déstabilisation” de leur pays.
Le CNSP rappelle cependant au président en exercice de la CEDEAO, président du Nigéria, Bola Tinubu, les liens “millénaires et infrangibles” qui unissent les deux pays. Ces liens “méritent d’être préservés”, dit-il.
Éclaircissements
La réponse de la CEDEAO ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué, l’organisation sous régionale apporte des éclaircissements. Elle affirme avoir toujours considéré Mohamed Bazoum comme le Président de la République du Niger, jusqu’à la tenue de la 64e session ordinaire.
“Du fait de cette position, le Niger n’était pas suspendu des organes de décision de la CEDEAO et les membres du gouvernement de S.E.M. Bazoum étaient habilités à représenter le Niger aux réunions statutaires de la CEDEAO”, se justifie l’organisation.
La CEDEAO reconnaît cependant qu’un coup d’État militaire s’est produit le 26 juillet, destituant Mohamed Bazoum et portant à la tête du Niger, le Général Abdourahmane Tiani.
“Par conséquent, à compter du 10 décembre 2023, le Niger est suspendu de l’ensemble des organes de décision de la CEDEAO jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays”, conclut l’organisation.
La CEDEAO et le Niger ont engagé un bras de fer depuis le 26 juillet 2023. L’organisation a infligé de “lourdes” sanctions au pays, espérant le retour à l’ordre constitutionnel et le rétablissement de Mohamed Bazoum au pouvoir. Elle a même évoqué l’usage de la force pour la réintégration du président déchu dans le fauteuil présidentiel. Le Burkina Faso et le Mali, deux pays dirigés également par des régimes militaires, se sont rangés du côté du Niger, menaçant de quitter la CEDEAO si l’option militaire envisagée venait à être appliquée.
Prisca KONKOBO