Après le passage de Mathieu Zongo à la tête de « Iba Hôtel » de Bobo-Dioulasso, un manque de plus de 400 millions FCFA a été constaté. Selon une plainte des membres de la famille du fondateur de l’hôtel, l’accusé aurait profité de sa position pour sortir illégalement plusieurs millions de la caisse de l’entreprise. Devant les juges du pôle économique et financier du Tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso ce 17 avril 2023, M. Zongo dit n’avoir prélevé que la somme de 60 millions de façon illégale.
Après le décès du Président directeur général (PDG) de « Iba Hôtel », son fils aîné, Mathieu Zongo, est désigné comme successeur par acte notarié. Suite aux soupçons persistants de mauvaise gestion, la famille décide de diligenter un audit des comptes de l’hôtel. C’est là qu’un manque à gagner de 438 millions FCFA est constaté dans la trésorerie. A la barre, l’accusé reconnaît partiellement les faits. Il soutient que le montant qu’il a soustrait lors de sa gestion est de 60 millions et non 438 millions FCFA comme le fait croire son frère cadet.
« Je ne suis pas au courant de 400 millions. La somme que j’ai prise servait à assurer les dépenses de la famille. J’ai acheté quatre terrains à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou. En plus, j’ai acheté des voitures et des motos pour mes frères et sœurs. Par mois, bien qu’ils ne travaillaient pas, je leur donnais entre 100 000 et 300 000 FCFA. Plusieurs d’entre eux ont aussi reçu de l’argent pour débuter leur commerce », justifie-t-il avant de reconnaître qu’il a plusieurs fois pris de l’argent avec les clients sans que cela passe par le comptable de l’hôtel.
Devant le Tribunal, le frère cadet de l’accusé dit ne pas se reconnaître dans les affirmations de l’ex-DG. « Je n’ai jamais reçu une somme de 300 000 FCFA de lui. Même quand je suis tombé malade, il a refusé de payer les soins. Donc, je ne sais pas de quelle prise en charge familiale il parle », souligne-t-il.
Instruction complémentaire
Pour le frère cadet, le grand frère a géré cette entreprise sans rendre des comptes. « Il ne rendait compte à personne. Moi qui suis son petit frère direct, quand je lui ai demandé un poste au niveau de l’hôtel, il m’a placé comme assistant au nettoyage. Une fois sur place, il a interdit strictement qu’on me donne accès aux comptes de l’hôtel. C’est tout récemment en 2022 que je l’ai remplacé. J’ai alors mené des enquêtes sur la gestion passée », avoue le plaignant.
« Nous avons engagé un expert-comptable qui a fait l’inventaire et nous a donné le montant manquant », précise-t-il. Pour le conseil de Mathieu Zongo, son client ne peut en aucun cas être poursuivi, car l’argent qu’il a prélevé a uniquement servi aux dépenses familiales.
Le salaire mensuel de Mathieu Zongo était fixé à 250 000 FCFA à ses débuts. Mais au fil des années, il a augmenté ce montant jusqu’à 450 000 FCFA. Étant donné que les audits n’ont pas été faites sous la supervision d’un huissier, les juges, avec l’accord du parquet, ont souhaité que le dossier soit remis en instruction afin d’avoir plus de pièces justificatives du détournement de la somme de plus de 400 millions reproché à Mathieu Zongo.
Affaire à suivre…
C’est regrettable qu’une histoire de famille se retrouve sur la place publique.